Source : lequotidien.sn
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Elles ont des points communs : elles prêtent sans aucune garantie ni
intérêt. Ces mutuelles d’épargne et de crédit mettent en avant la
volonté de contribuer à la lutte contre la pauvreté, en faisant
confiance à ce qu’il y a de meilleur dans la nature de l’homme. Pour
cela, Birima, fondée par la star musicale de renommée internationale,
Youssou Ndour, et la Mecis, basée sur le système islamique de crédit
sans intérêt, ont chacune sa méthode. La crainte, pour l’une comme pour
l’autre, est qu’elles ne soient un jour victimes de leur succès.
La
société d’épargne et de coopérative Birima a été créée par le chanteur
Youssou Ndour, qui «a constaté un certain nombre de lacunes, d’absences
pour les Pme qui, lorsqu’elles demandaient des prêts au niveau des
banques, ou des institutions de micro-finance n’avaient pas de
garanties», assure l’administrateur de la structure, M. Abdoulaye
Dieng. Qui ajoute que le chanteur dans sa conception, y a vu un moyen
de lutte contre la pauvreté.
M. Ndour a créé la société Birima,
qui porte le nom d’un ancien monarque du Djolof qui ne sortait et ne
parlait qu’une fois par an et qui aimait que ses directives soient
respectées. Et c’est de cette conception qu’est partie l’idée de donner
à la mutuelle le nom de Birima, qui est la «garantie réelle». Toute
personne qui accepte les conditions et qui s’engage à rembourser le
prêt est considérée comme un Birima. C’est la «confiance de l’homme en
l’homme». Et selon M. Dieng, «il y a eu un rush. Nous avons octroyé 100
millions de crédits depuis la création de la mutuelle et il y a
d’autres dossiers qui sont encore pendants chez nous, qu’on est en
train d’étudier».
Au demandeur de crédits, il est demandé de
s’engager et de jurer de respecter les engagements pris. Mais cela
n’empêche que des mesures de sécurité sont prises. Les demandeurs sont
filmés ou photographiés, on leur fait jurer de respecter l’engagement
pris de rembourser. «Et au cas où ils ne remboursaient pas, ils
autorisent à montrer le film ou les photos à leurs familles ou à leurs
enfants pour leur dire qu’ils n’ont pas tenu parole, alors qu’ils
avaient juré de respecter cet engagement», souligne l’administrateur.
Pour le moment, «c’est le départ, les gens commencent à rembourser. On
espère que cela continue, parce que pour la pérennité de ce projet, les
gens doivent respecter leurs engagements et permettre de prendre
d’autres birima derrière. Jusqu’aujourd’hui, les remboursements ont
bien débuté et nous pensons que cela va se poursuivre.» A Birima, les
prêts vont d’un plancher de 50 mille francs et il n’y a pas de plafond.
Le
procédé du film ou des photos n’est pas appliqué à la Mutuelle
d’épargne et de crédit islamique du Sénégal (Mecis). Le Pca, M. Mansour
Faye, revient sur les conditions de la création de la mutuelle. Il
indique que tout est parti du constat que «beaucoup de mutuelles
d’épargne et de crédit appliquent un taux d’intérêt dans ce pays. Et on
a introduit le Mécis dans la mesure où nous sommes dans un pays à
majorité musulmane et dans le Coran et la Sunna, et plusieurs autres
textes, on voit clairement que la pratique de l’intérêt est bannie dans
la religion musulmane. Et ce n’est pas seulement dans la religion
musulmane que l’utilisation de l’intérêt est bannie, même dans les
autres religions révélées». Ailleurs dans le monde, au Bengladesh, en
Malaisie et même en Europe, en Angleterre, beaucoup d’institutions
financières utilisent le système financier islamique, assure M. Faye.
«Alors que si on regarde bien le système islamique financier, c’est ce
système qui est le plus adapté à nos populations qui ont des revenus
faibles. Ce sont des systèmes qui prennent en compte les revenus des
populations et qui partagent les risques dans les opérations qui sont
faites avec les populations», expose-t-il. Et malgré son appellation,
assure-t-il, cette mutuelle ne fait pas de différence entre musulmans
et non-musulmans. Les conditions d’adhésion de la mutuelle sont
identiques pour tout le monde. Et qui remplit les conditions, peut être
membre de la Mecis et bénéficier des activités de la mutuelle.
Mansour
Faye soutient que «l’utilisation de l’intérêt est un frein pour
l’économie. Il y a eu de grands économistes qui ont élaboré dans ce
sens. Keynes, par exemple, dans la plupart des universités on enseigne
sa théorie. Keynes a toujours critiqué l’utilisation de l’intérêt». Il
y a certains projets qui y sont développés en direction de la
population, comme le projet alimentaire, un système de micro-assurance
en santé, une coopérative d’habitat, des systèmes de minibus de
transport, des dépôts de ciment, de gaz. «Ces produits cités sont en
relation avec les conditions de vie des populations..»
Aussi bien
Birima que la Mecis officient à Dakar. A Birima, dont le siège et les
guichets se trouvent à la Médina, pas loin de la radio appartenant au
propriétaire de la Mutuelle, l’administrateur fait savoir que pour
l’instant, les dossiers viennent de la région de Dakar. Il assure que
des jeunes ont quitté leur terroir à l’intérieur du pays, pour venir
soumettre leur projet. Ces projets concernent pour la plupart
l’agriculture, ou l’élevage. Et ils ont pour objectif de couvrir
l’ensemble du pays et même, la sous-région.